La violoncelliste Tina Guo s’est imposée dès son plus jeune âge comme l’une des ambassadrices les plus demandées et les plus marquantes de son instrument. Qu’il s’agisse de collaborer avec Hans Zimmer sur certaines de ses musiques de films les plus emblématiques, d’enregistrer des bandes-son de jeux vidéo primées, de se produire en soliste avec des orchestres symphoniques renommés ou de réaliser ses propres vidéos musicales avec ses compositions expérimentales uniques, Guo a la passion d'élargir les horizons du violoncelle. Nous nous sommes entretenus avec Tina pour en savoir plus sur sa carrière unique et sa relation à la créativité musicale.
Qu’est-ce qui vous intéresse le plus en tant que musicienne et violoncelliste ?
Je suis excitée et fascinée par les nouvelles expériences, les personnes et les choses pleines de passion et de fureur. Je suis intéressée par l’apprentissage de nouvelles façons de faire, les activités inédites et les types de musique novateurs. Ce sont les énergies en constante évolution autour de moi qui me font grandir et me sentir vivante.
Qu’est-ce qui inspire et influence le plus votre façon d’aborder le violoncelle ?
Je n’aime pas me considérer comme une « violoncelliste », car toute musique est de la musique, et tous les instruments sont des outils pour exprimer des émotions à travers la musique, quel que soit le genre. Cela étant dit, j’ai grandi avec Jacqueline du Pré comme modèle et elle reste mon héroïne en violoncelle classique. La passion avec laquelle elle jouait est unique. Aujourd’hui, mes plus grandes influences musicales sont les artistes que j'aime écouter, comme Marilyn Manson, Rammstein, Apocalyptica et System of a Down.
Quelles ont été vos premières opportunités professionnelles en tant que musicienne ? Quel impact ont-elles eu sur votre développement ?
Mes tout premiers concerts en public ont eu lieu à l'âge de neuf ans, un an et demi après avoir commencé à jouer du violoncelle. J'avais gagné un concours et une partie du prix consistait à me produire en soliste avec un orchestre. Cette chance incroyable et cette opportunité de me produire en public aussi jeune m'ont aidé à développer mes capacités d'interprète.
Je me souviens encore du trac que j’éprouvais à l’idée de jouer le Concerto pour violoncelle de Saint-Saëns et de mes mains complètement couvertes de sueur ! Je dis toujours que seule la répétition permet de se sentir à l’aise avec quelque chose et il a fallu de nombreuses années de prestations répétées pour surmonter cette peur !
Comment avez-vous commencé à vous intéresser à la musique et au violoncelle ?
Mes parents sont tous deux professeurs de musique, on peut donc dire que j’étais obligée de perpétuer cette lignée familiale ! Mon père est violoncelliste et ma mère violoniste, je suis donc née dans un cadre qui m'a beaucoup apporté. Mon enfance a été un peu comme un « camp d’entraînement » et même si je n’ai pas toujours été ravie de cette expérience, je lui en suis reconnaissante aujourd'hui.
Quels sont les défis que vous avez dû relever et remporter dans votre carrière ?
Il m’a fallu arriver à 35 ans pour vraiment me désintéresser des opinions négatives. J’ai passé tant d’années à me soucier des avis de chacun, même si logiquement je savais que cela n'avait pas de sens. Comme toute personne qui se met en avant en tant qu’artiste ou en tant qu’être humain ouvert et vulnérable, vous serez amené à rencontrer des personnes qui vous détestent. Mais vous pouvez vous libérer en comprenant la frustration, la tristesse et la vacuité que portent les personnes négatives. Il faut ignorer leurs opinions et réaliser qu'ils ne sont que des âmes perdues qui devraient recevoir notre sympathie.
Un autre défi a été de trouver ma voie dans les aspects commerciaux de ma carrière à coup d’essais et d’erreurs. Comme je l’ai mentionné à propos du trac, faire quelque chose de façon répétée finit par conduire à une certaine aisance, voire à une maîtrise dans n’importe quel domaine, y compris l’autogestion et les négociations d’affaires.
Vos vidéos musicales mettent en scène des garde-robes vraiment étonnantes et des décors élaborés. Qu’est-ce qui vous inspire visuellement ?
Merci ! J'adore la direction artistique, le stylisme, le maquillage et tout ce qui est visuel. Tout ce que je vois et expérimente dans le monde, que ce soit dans la nature, dans les films ou dans les clips d'autres artistes, sont autant de sources d'inspiration. J'aime particulièrement les films de science-fiction et j'ai tendance à m'enthousiasmer pour tout en général, alors j'essaie de garder les yeux ouverts sur tout et de trouver l'inspiration.
Vous avez repoussé les limites du violoncelle en adoptant le violoncelle électrique et les pédales d’effets en plus de votre succès sur un violoncelle traditionnel. Qu’est-ce qui vous a incitée à explorer cette approche plus expérimentale ? Quels sont vos effets préférés pour le violoncelle ?
Je voulais être guitariste de metal mais je ne savais pas jouer de guitare ! Alors j’ai essayé à la place de trouver comment faire ces sons avec un violoncelle. J’ai donc commencé à traiter le son de mon violoncelle avec des pédales d’effet pour guitare. Cela ouvre un tout nouveau monde de sons, c’est comme un univers d’expérimentation infini ! J’ai quelques sons standards que j’ai programmés, mais j’ajuste généralement le timbre et les effets afin qu’ils soient toujours fluides et changeants pour les adapter spécifiquement au morceau.
La technologie moderne a permis aux musiciens de travailler ensemble, mais à distance, sur des enregistrements de studio. Comment abordez-vous ce type de collaboration ? En quoi cela diffère-t-il de l'enregistrement collectif en studio ?
J’aime la technologie ! Ces dix dernières années, j’ai de plus en plus souvent enregistré dans mon home studio. Cela a vraiment commencé lorsque j'étais en tournée avec le Cirque du Soleil de 2010 à 2013. J’ai emporté avec moi une configuration d’enregistrement à distance afin de pouvoir conserver mes clients de séance pendant mes déplacements. En 2020, j’effectuais déjà 95 % de mes enregistrements à domicile. J'adore ça, et tant qu'il y a une communication claire, le processus est super efficace et permet de gagner beaucoup de temps. Il y a des cas où il est absolument nécessaire d’être ensemble en studio. Parfois, un client a des idées très précises qu’il est impossible d’expliquer sans être ensemble, mais c'est une situation très rare.
Au cours de l’année écoulée depuis le début de la pandémie, j’ai terminé trois albums, dont un de musique originale avec Frank Klepacki, un fantastique compositeur de jeux vidéo, producteur et multi-instrumentiste qui tient la batterie lors de mes concerts solo. Même si nous vivons tous les deux à Vegas, nous avons écrit et enregistré un album entier de morceaux originaux à distance de façon transparente et extrêmement efficace. Je suis reconnaissante de la façon dont les progrès technologiques ont beaucoup facilité le processus de création.
Comment évoluent vos inspirations musicales ? Que se passe-t-il entre l'idée initiale d'un projet et le produit fini ?
La plupart de mes compositions sont écrites ou inspirées par le courant de conscience. Habituellement, un morceau ou une mélodie presque entièrement formés me viennent de façon aléatoire. Lorsque cela se produit, je chante frénétiquement cette idée dans un mémo vocal pour ne pas l’oublier, et je vais plus tard en studio pour la développer. Je peux aussi me forcer à composer de la musique par pure détermination, mais je préfère laisser les événements de la vie et les émotions m'inspirer une idée musicale soudaine.
Quelle est la configuration de votre home studio ? Comment a-t-elle évolué au cours de votre carrière ?
Je suis une grand partisane du minimalisme et je n’essaie pas de compenser ce qui manque à mes doigts par tout un tas de matériel coûteux. Avoir de bons outils est un privilège, mais il faut travailler avec ce que l’on a ! Pendant dix ans, tout ce que j’avais, c’était une interface à 80 dollars et un microphone à 350 dollars achetés en solde chez Sam Ash. J’ai enregistré sans aucun problème des centaines de projets, y compris des films à gros budget, avec cet équipement. Je n’ai mis à niveau mon interface, mes moniteurs et mon microphone que récemment, mais j'enregistre toujours dans Logic. L’évolution a été très lente, mais j’adore ma configuration !
Comment trouvez-vous vos engagements ? Laissez-vous le travail venir à vous, ou cherchez-vous activement des projets qui vous intéressent ?
Quand j’ai commencé en 2004, j’étais en première année à l'USC. En plus d’étudier le violoncelle classique, je trouvais des annonces sur Craigslist – j’adorais Craigslist ! Aujourd'hui, j'ai la chance d'avoir des demandes qui me parviennent directement et je ne cherche pas activement du travail. De temps en temps, si je suis très inspirée par un autre musicien, je peux proposer un bœuf ou une collaboration, juste pour le plaisir. Mais pour ce qui est des projets commerciaux ou du travail, je laisse venir les choses et à partir de là, j’enchaîne.
Quel genre de conseil ou d’inspiration donneriez-vous à quelqu’un qui veut faire carrière dans la musique ? De manière générale ou en rapport avec le violoncelle.
Formez-vous ! Il est très important d’en apprendre le plus possible sur tous les aspects de la musique, y compris la partie commerciale et la technologie, afin d'être autonome. Nous passons une grande partie de notre vie à apprendre notre métier, mais pour réussir dans l’industrie musicale – et le mot clé est bien le mot industrie – il est très important de comprendre et de maîtriser les bases des affaires. Personne ne s'intéressera plus à vous et à votre art que vous-même. Il est important de se sentir informé, performant et sûr de sa propre compréhension des choses en dehors du simple fait de chanter ou de jouer de son instrument.
Je recommanderais de sortir des sentiers battus et de rechercher des possibilités de partenariat avec des entreprises qui croient en ce que vous faites. J’ai eu la chance de m’associer au Ritz-Carlton et, grâce à cette collaboration, j’ai pu visiter des endroits incroyables, partager ma musique et me connecter artistiquement à différentes cultures.
Pouvez-vous nous en dire plus sur des projets récents ou à venir qui vous enthousiasment ?
J’ai récemment terminé l’enregistrement des bandes-son de DUNE, Top Gun, Bob l’éponge 2 et d’autres projets de télévision/cinéma/jeux vidéo dont je ne peux pas encore parler. J’ai hâte que tout cela sorte ! Mon nouvel album solo, DIES IRAE, est également terminé et nous sommes maintenant en phase de finalisation de sa pochette et de planification des clips vidéos, la sortie étant prévue pour l'été/automne 2021. Je suis super contente de l'artiste invité surprise qui figurera sur l'un des titres. C’est la première fois que je sors une chanson avec un chanteur, et je suis une grande fan de celui-ci depuis de nombreuses années, alors il est difficile d’attendre pour l’annoncer, mais je suis impatiente !
Enfin, quels produits Zoom utilisez-vous ? Comment Zoom vous aide-t-il à atteindre vos objectifs ?
J’utilise des produits Zoom depuis de nombreuses années et je les adore ! Je me sers actuellement du H4N Pro pour enregistrer les répétitions de groupe et saisir rapidement mes idées sur la route. Je l’emploie également pour enregistrer le son des tutoriels et des vidéos que je réalise sur mes chaînes YouTube.