Jordan playing keyboard live


De ses débuts dans le classique jusqu’à son statut actuel d’icône du rock progressif, le claviériste et pionnier du son Jordan Rudess a toujours suivi son instinct d’innovation pour créer quelques-unes des musiques les plus avant-gardistes de ce siècle. En plus de son rôle dans Dream Theater et Liquid Tension Experiment, Jordan a également enregistré et joué avec toute une variété d'artistes, dont David Bowie, Vinnie Moore, Steve Morse et bien d'autres. Nous avons récemment discuté avec Jordan de son parcours unique, de la Juilliard School à Dream Theater, et nous avons découvert la façon dont il trace sa route en créant de nouveaux instruments révolutionnaires et en établissant des liens directs avec ses fans par le biais du streaming et des cours de musique.

Comment avez-vous commencé à vous intéresser à la musique et au clavier ?


J’ai commencé très tôt. Je ne viens pas d’une famille de musiciens, mais il y avait un petit piano droit qui m'attirait dans ma classe de cours élémentaire. Je venais tous les jours et je jouais sur ce piano. Un jour, mon professeur a appelé ma mère et lui a dit : « Jordan joue superbement du piano dans la classe. C’est très bien ». Ma mère a répondu : « Jordan ne joue pas de piano, nous n’en avons pas. » Et mon professeur a répliqué : « Et bien vous devriez en prendre un parce que Jordan joue très bien. »

Du coup, ma mère m’a acheté un piano dans la semaine. C’était un très beau piano quart de queue. J’ai commencé à prendre des leçons de 30 minutes avec un professeur local. Dès la première année, celui-ci s’est débarrassé de la méthode parce qu’il s’est aperçu que j'avais une bonne oreille et il a commencé à me montrer tous les accords. Et j’ai appris à trouver les bons accords et à improviser.

Quelqu’un qui s’y connaissait en musique est venu à la maison et m’a vu jouer du piano à partir d’un livre pour guitare qui ne contenait que la ligne mélodique et les symboles des accords de guitare. Je faisais mon propre arrangement. Il m’a dit : « Comment fais-tu ça ? Ce n’est pas écrit sur la partition. » Je lui ai répondu : « Comment ça ? Je ne fais que jouer. » Et il a rétorqué : « Non, rien de ce que tu joues n’est sur cette page. » Je pensais que tout le monde faisait ça ! C'est ainsi que j'ai découvert que ce que je faisais était un peu unique.

Après cela, j’ai commencé à voir une professeure sérieuse qui était déterminée à me préparer en un an pour la Juilliard School. J’avais donc huit ans et j’ai étudié avec cette pianiste hongroise qui voulait vraiment me faire entrer dans cette école. J’ai suivi son enseignement pendant environ un an et demi. Et avant mes 10 ans, j’ai auditionné pour la prépa (« pre-collège ») de Juilliard et j'ai été accepté. C’est ainsi que j’ai commencé mon parcours de pianiste. C’était une base très sérieuse et une formation classique.

J’avais donc commencé par improviser sur différents types de musique populaire avant de basculer en mode classique total, même si je suis toujours resté en parallèle un improvisateur ! Je devais aller dans la salle la plus éloignée au fond du couloir, loin de tous les professeurs, pour jouer du boogie-woogie et du blues et tout ce qui me passait par la tête. C’était en quelque sorte le début de tout ça.

Quand je suis arrivé à Juilliard, j’ai réalisé que j’étais entouré de gamins qui avaient neuf ans et qui écrivaient des opéras. Il y avait de jeunes musiciens incroyables venus du monde entier qui jouaient des concertos pour piano de Liszt et d’autres trucs insensés. J’ai eu la chance de faire partie de ce groupe et d’avoir un remarquable professeur. C’est vraiment la base de tout ce que j'ai fait dans ma vie. J’en suis extrêmement reconnaissant. Même si j'ai quitté le monde purement classique, ce que j'y ai appris est inestimable.

Quelles ont été vos premières opportunités professionnelles en tant que musicien ? Quel impact ont-elles eu sur votre développement ?


Quand j'étais à Juilliard, je faisais beaucoup de concerts et de récitals, de petites prestations professionnelles, autant qu'un enfant puisse le faire. À l’âge de 13 ans, je suis apparu dans une publicité Band-Aid de Johnson & Johnson, jouant dans la grande salle de bal du Plaza Hotel sur un Steinway à queue avec un pansement au doigt. Vous pouvez encore trouver cette publicité aujourd'hui si vous savez où chercher.

Note de la rédaction : nous l’avons trouvée ! https://www.youtube.com/watch?v=yZFVQBic1ek

Lorsque j’ai finalement quitté Juilliard, j’ai connu de « vrais concerts », en jouant avec le Paul Winters Consort, Vinnie Moore, Tony Williams et d'autres. Ce sont les premières occasions que j’ai eues de participer à des concerts importants.

L’une des premières choses que j’ai réalisées au début de ma carrière était que j'avais besoin de gagner ma vie. J’ai donc décidé qu’une bonne façon de le faire serait de travailler pour des fabricants d’instruments de musique. J'ai travaillé pour Korg et Kurzweil en tant que spécialiste produit, faisant des démonstrations et des présentations. À ce titre, je devais me produire lors de diverses conventions comme le NAMM. Et faire une grande prestation pour présenter un de leurs claviers. Suite à cela, j’ai commencé à avoir beaucoup d’articles de presse sur ces exhibitions.

Cela est revenu aux oreilles des gars de Dream Theater, tandis que certaines personnes de leur entourage leur parlaient aussi de moi. Même leur premier claviériste leur avait mentionné mon nom. Les articles dans Keyboard Magazine et le fait qu’ils aient entendu parler de moi par des gens qu’ils connaissaient les ont poussés à me contacter.

Ils ont fini par m'appeler et me demander de venir auditionner pour eux. Je ne savais pas vraiment qui ils étaient à l'époque. J'ai dû faire des recherches pour savoir de quoi il s'agissait. J’ai passé une audition et j’ai fini par jouer un concert avec eux parce qu’ils avaient vraiment besoin de quelqu’un pour remplacer le premier claviériste quand il est parti. Mais à ce moment-là, j'ai décidé de ne pas rejoindre le groupe.

À la place, j'ai rejoint un groupe appelé Dixie Dregs avec Steve Morse. C’était un groupe instrumental à succès que je connaissais bien. Je trouvais le projet Dream Theater sympa mais ce n’était pas le bon moment pour moi, je voulais m’éclater et faire d'autres choses.

Mais je suis resté en contact et un jour, j’ai reçu un appel du manager représentant Mike Portnoy, à l'époque batteur de Dream Theater. Ils m’ont demandé si je voulais rejoindre un « supergroupe » avec Mike à la batterie, Tony Levin à la basse, John Petrucci à la guitare et moi au clavier. Il y avait donc deux gars de Dream Theater, plus Tony et moi. J'ai dit oui et c'était un projet assez important pour moi.

Nous avons sorti deux albums à succès sous le nom de Liquid Tension Experiment, et après cela, ils m'ont à nouveau demandé si je voulais rejoindre Dream Theater. À ce moment-là, j'ai dit oui. J’aimais travailler avec ces gars-là, nous avions fait de la bonne musique ensemble, nous avions eu du succès et pour moi, le moment était plus propice.

C’est à la fin de l’année 1998 que je les ai rejoints. En 1999, nous avons sorti Scenes From A Memory, qui était le premier album de Dream Theater auquel j’ai participé, et il a connu un grand succès -– c’est encore aujourd'hui l'un des albums les plus populaires de DT. C’est comme ça que je suis entré dans Dream Theater.

Jordan Candid

Qu’est-ce qui inspire et influence le plus votre façon d’aborder le clavier ?


Quand j'ai quitté Juilliard, je me suis ouvert à beaucoup d'artistes au-delà du monde classique. J’aimais beaucoup Chick Corea, qui nous a malheureusement quittés récemment. Même si je n’ai jamais été un grand fan de jazz fusion, l’un de ses albums en particulier, Now He Sings, Now He Stops, a été déterminant pour m'ouvrir à de nouvelles possibilités en matière d'accords et de rythmes. Mon inspiration la plus forte est venue de Keith Emerson et de l'album Tarkus qu'il a fait avec Emerson Lake and Palmer. C’était la première fois que j’entendais cette puissance et ce pouvoir que pouvaient donner des claviers. Rick Wakeman et Patrick Moraz m’ont également influencé. En ce qui concerne les groupes, certains groupes de l'époque ont été des influences majeures qui m'ont amené là où je suis aujourd'hui, comme Genesis, King Crimson, Yes et Gentle Giant, des groupes de rock progressif extraordinaires. J’ai vu plusieurs concerts de Gentle Giant, que je trouvais tellement cool. Ils jouaient tous de différents instruments et il y avait beaucoup de contrepoint. C'était assez époustouflant parce qu'il n'y a pas assez de contrepoint dans le rock.

Comment évoluent vos inspirations musicales ? Que se passe-t-il entre l'idée initiale d'un projet et le produit fini ?


Dans le monde progressif, on peut avoir des chansons très longues dont la forme s'apparente plus à des compositions classiques qu'à des chansons pop. J'aime prendre un motif ou un passage musical et voir ce que l'on peut en faire. Je peux prendre la mélodie de la main droite, et voir ce qui se passe si je la fais passer dans le registre inférieur et que j’ajoute quelque chose d’autre par-dessus qui la transforme. Je m'intéresse à toutes sortes de techniques de composition différentes.

Lorsque j’ai créé mon dernier album rock solo Wired From Madness, j’ai commencé l’album sans savoir ce que j'allais faire. Je voulais juste commencer à travailler. Je me suis mis devant mon ordinateur et j'ai commencé à enregistrer et j'ai écrit 30 secondes de musique. Chaque jour, j’écoutais les 30 secondes précédentes et cela m'inspirais pour trouver la suite. Au bout d’un moment, j’avais environ huit ou neuf minutes de cette chose continue qui se créait de jour en jour. On aurait dit que ça n’allait jamais se terminer ! Un jour, alors que je rentrais à la maison, j’ai dit à ma femme que j’étais en train d’écrire cet opus et que je ne savais pas jusqu’où cela irait. J’ai pensé que cela pourrait peut-être même constituer l’album entier. Elle m’a dit : « Tu ne peux pas faire ça, tu dois écrire des morceaux. Certaines personnes veulent aussi entendre des morceaux. Ne fais pas tout l’album avec un seul titre aussi fou. » Je me suis dit : « Elle a peut-être raison, je devrais sans doute écrire des morceaux. Cela ne peut pas faire tout l’album. » J’ai finalement compris que ce morceau pouvait durer 25 minutes, mais que le reste de l’album devait être composé de morceaux plus courts.

En fait, l'inspiration ne manque pas. Je peux rentrer et improviser quelque chose, puis le jouer dans mon logiciel audio numérique qui me permet de voir la partition et de commencer à l'orchestrer. C’est vraiment une question de choix et de détermination de la structure à mettre en place. Je peux m’asseoir au piano et juste jouer tout ce qui me passe par la tête, et c’est cool pour du streaming ou un bœuf, mais lors du processus de composition, je dois faire des choix. Une des choses vraiment importantes est de ne pas s’entêter comme par exemple en étant obsédé par tel ou tel accord. Je sais que beaucoup de musiciens talentueux ne peuvent jamais rien finir parce qu’ils n’arrivent pas à prendre de décision !

En plus de votre impressionnante discographie avec Dream Theater, Liquid Tension Experiment et de vos propres albums solo, vous avez collaboré avec toute une diversité d'artistes. Comment adaptez-vous votre approche lorsque vous collaborez avec différents groupes de musiciens ?


L’un des aspects caractéristiques de ma façon d’aborder la musique est que je suis très ouvert sur le plan des styles. J'aime tous les genres de musique. La musique est toute ma vie. Le côté metal progressif que la plupart des gens connaissent n’est en fait qu’une partie de ce que je suis musicalement – cela ne représente pas tout ce que je suis ! J’aime aussi le piano solo, la musique électronique et le rock plus doux. En fonction de ce que je fais, j'essaie d'être aussi ouvert que possible.

Il est très important de pouvoir répondre à un besoin musical particulier. Si je travaille avec un producteur, je dois comprendre ce qu’il veut et ce qu’il me demande de faire. J’essaie de ne pas impliquer d’ego dans la prestation. Cela pourrait m’empêcher de comprendre le travail qu’il y a à faire dans le studio. Même dans Dream Theater, quelqu'un peut avoir une vision particulière que j'essaie de suivre. Comme chaque membre doit avoir son mot à dire dans cette fantaisie sonore que nous créons, je dois essayer de comprendre leurs idées et les exprimer du mieux que je peux.

Quand j’ai travaillé pour David Bowie, je suis arrivé bien sûr très excité. Au départ, j’avais ce fantasme de changer son univers musical et d’être la prochaine évolution de sa carrière. Quand je suis arrivé, j'ai compris que lui et le producteur avaient une idée très précise de la manière dont ils voulaient que l'album sonne et du rôle que les claviers devaient jouer. J'ai donc dû adapter mon énergie et mes attentes à leur vision – ce que j'ai fait et j'ai beaucoup appris de cette expérience.

Dans les Dixie Dregs, je jouais avec Steve Morse, un des plus grands guitaristes du monde. Il m’a appris que lorsque quelqu’un prend un solo, il faut se mettre en retrait, baisser le son et décompresser car c'est son tour de briller. Le concept semble relativement simple, mais c’est une leçon importante que chacun doit connaître et mettre en pratique.

Music is something that is so beautiful and nobody should be denied the right to make as much music as they want to make."

Jordan Rudess

Vous avez non seulement repoussé les limites de l'interprétation et de la composition musicale, mais vous êtes également connu pour vos utilisations innovantes de la technologie dans la musique. Grâce à votre travail avec Wizdom Music, vous avez contribué à l’élaboration de nouveaux instruments et logiciels musicaux. Qu’est-ce qui vous a poussé à vous lancer dans la création de nouveaux instruments et comment cela a-t-il influencé votre propre musique ?


L’une des choses qui ont vraiment changé ma vie a été la découverte du synthétiseur Moog, plus précisément du Minimoog. J'ai dû convaincre mes parents de trouver un moyen de me procurer un Minimoog. C'est à cette époque que j'ai commencé à quitter le monde classique et à m'intéresser à d'autres choses. Ce synthétiseur a vraiment changé ma vie. J’ai réalisé que j’avais une forte connexion avec l’art d’exprimer des idées sonores en tournant des boutons et en écoutant le son changer. J’ai pris de plus en plus conscience de la façon dont le son se produit. L’état d’esprit électronique est très différent de l'état d’esprit acoustique, et il offre un tout nouveau monde de possibilités. Je me suis passionné pour le jeu sur le Minimoog et l'exploration de la synthèse. Cela m’a conduit à constamment m’intéresser et à m’impliquer dans le développement d'instruments. J’ai travaillé avec Korg et Kurzweil, programmé des sons pour leurs instruments et fait des suggestions sur la façon dont l'instrument devrait se comporter et fonctionner.

Beaucoup de choses ont rapidement progressé lorsque j'ai découvert le premier iPhone. Avant qu’il n’y ait de bonnes applis, je mettais juste ma main dessus et je bougeais les doigts en imaginant pouvoir les déplacer dans différentes directions, je savais qu’il y avait moyen de produire quelque chose de vraiment cool musicalement. C’étaient les débuts de l’App Store iTunes. J'ai trouvé un gars qui faisait de la programmation musicale. Je l'ai contacté et lui ai dit que j'avais une idée pour créer de la musique sur l'iPhone. Mon idée était une expérience tactile multipoint dans laquelle chaque note pouvait être jouée indépendamment et où vous pouviez appliquer des variations de hauteur ou un vibrato à une note mais pas à une autre.

maxresdefault.jpg

The app we ended up developing was called MorphWiz. Billboard voted MorphWiz as the #1 music app that year. It opened the door to being able to develop more ideas. So we did a sampling app called SampleWiz. Now I have an app called GeoShred. It’s a very expressive musical instrument that runs on iPad and iPhone, soon on Android.

I’ve used all of my apps in my own music. I used GeoShred in my rig on the last DreamTheater tour. I could play leads or introductions to different songs on it. I’m making these apps for the world but I’m also making them to use myself. It started with the interest in electronic music, then I became really passionate about how technology can further expressivity in music.

When you put these things out, you have no idea where they’re going to go. One of the most rewarding things about GeoShred is that its become such a real instrument that there are new musicians that are GeoShred players—that’s their main instrument! Especially in places like India, where they’re more sensitive to pitch, Carnatic musicians have a really advanced way of controlling pitch in a mixture of diatonic and fretless scale systems. GeoShred really allows that kind of playing like nothing else. It has this really intelligent pitch bending. So I see videos of people playing GeoShred in India and it blows my mind because they’re doing amazing things—things that I can’t do myself! It’s really rewarding.

Jordan playing a cool keyboard

La technologie moderne a permis aux musiciens de travailler ensemble, mais à distance, sur des enregistrements de studio. Comment abordez-vous ce type de collaboration ? En quoi cela diffère-t-il de l'enregistrement collectif en studio ?


Parfois, on me demande de faire des solos sur les albums d’autres artistes et je le fais généralement à distance. J’ai également travaillé sur des albums très importants, j’ai fait deux albums en trio avec Tony Levin et Marco Minnemann, tous deux réalisés à distance ; nous avons travaillé dans nos propres studios en échangeant des fichiers. Nous n'avons jamais été ensemble et ça a très bien marché. C’est bien d’être dans son propre studio, de pouvoir se concentrer et faire ce que l’on a à faire. La technologie réseau s'est tellement améliorée. Il est encore difficile de faire un bœuf en temps réel via une connexion Internet. Mais pour ce qui est de parler avec quelqu’un d’autre, de partager des idées en temps réel et d’enregistrer des pistes, tout est passé au niveau supérieur.

Jordan playing live with Dream Theater

Vous avez récemment lancé un Patreon qui donne accès à votre univers musical, notamment à des flux live, des discussions en direct, des leçons et des conseils pour les musiciens. Quelle importance accordez-vous au partage de vos connaissances et à l’engagement envers la prochaine génération d’innovateurs musicaux ?

Une des choses qui me passionnent vraiment, c’est le partage. C'est pourquoi j'aime autant les réseaux sociaux et la possibilité d'atteindre les gens et d'entrer en contact avec eux. Je suis une personne sociable. J'aime interagir. Je trouve que la plupart de ceux qui écoutent ma musique sont des gens avec qui j'ai envie de parler et de communiquer. Dans le monde moderne, il est difficile de rester en contact avec tout le monde lorsque l'on a des fans dans le monde entier. J'ai donc mis en place un Patreon parce que je pensais que c'était un excellent moyen d'attirer des personnes particulièrement intéressées et désireuses de donner quelque chose en retour. L’idée était d’instaurer une ligne de communication et d'entamer des discussions avec les gens, mais par le biais de ce moyen plus ciblé qu'est le Patreon, qui a été formidable.

Je trouve que les personnes qui viennent sur mon Patreon sont particulièrement attentifs et je suis très heureux de communiquer avec elles. Je suis heureux de communiquer avec tout le monde, mais une journée est trop courte pour aller sur tous les réseaux sociaux et répondre à tout ce qu’on reçoit. Je ne peux tout simplement pas le faire. Utiliser Patreon pour ramener ces interactions au premier plan a été formidable.


What kind of affect has the pandemic had on the music industry, and how you've had to evolve with the current time?


As a message to the music industry I think it’s really important because when the pandemic first hit, everybody was staying home and locked down. I got really into sharing music by just turning on my phone and doing a Facebook livestream. I was doing it like everyday, just playing my heart out to who ever wanted to listen and share. I felt great about that, I still do. At some point along the way, maybe after doing that 50 times in a row, I started to think that as much as I love this, music shouldn’t be completely free. As a musician, I felt one of the most important things I could do was to say, “Look, I’ve enjoyed this. But if you really want to come into my world, see all my streams and be part of my musical life, it’s going to be on Patreon. It gives you a chance to give back to me, and I’ll continue streaming, I’ll share lessons and exercises and I’ll be in touch with you. But that’s the way I want to do it.

Over the last eight months I’ve helped create an awesome online music community, which is still growing. I feel very satisfied with that. It’s also taught me so much about video, audio and streaming technology. It led me to getting my streaming studio to a place that’s really cool with all the cameras and all the audio equipment. I look back at the last eight months and I’m stunned with how much has happened. It’s amazing to think about.

Jordan with his L-20

Quelle est la configuration de votre home studio ?


En ce qui concerne le streaming, j'ai commencé avec mon iPhone, je le posais sur le côté de mon piano et j'utilisais le micro intégré. C’était bien, mais je voulais que cela devienne plus sérieux. Cela m'a amené à parler aux gars de Zoom de leurs caméras. J'ai acheté deux caméras Q2n et j'ai appris à faire du streaming de base. Puis j'ai décidé que je voulais plus de caméras pour avoir une variété d'angles. Certains de mes flux sont avec un piano à queue Steinway, d’autres avec mes synthétiseurs. C’était pénible de devoir tout reconfigurer. Je voulais avoir des caméras prêtes à tourner. J’ai donc maintenant cinq caméras Zoom dans la pièce, ce qui me permet d’être prêt à lancer le streaming à tout moment. J'ai une Q2n qui fait face à mon clavier, un plan large de tout le Steinway, quelques caméras dédiées à mes synthétiseurs. C’est un tout, maintenant.

Jordan with Q2n-4k

Comment a-t-elle évolué au cours de votre carrière ?


Puis j’ai réalisé que j’avais besoin d’un système audio direct, qui me permette de passer rapidement et facilement d’une configuration à l’autre, et qui rende l’ensemble transparent. J'ai demandé à mon ingénieur ce qu'il en pensait et il m'a recommandé le mélangeur LiveTrak L20. Cela a été un « plus » incroyable pour mon studio. Si je veux faire un flux piano et voix, ou si je veux faire un flux de synthé, je n’ai qu’à rappeler la scène que je veux et cela active/désactive les canaux nécessaires, ajoute les effets que je veux, et tout est prêt. C'est tellement transparent. Je l’adore -– il m’a vraiment simplifié la vie.

Je l’aime tellement que j’ai acheté un deuxième L20 pour ma salle d'enregistrement. J’ai une pièce séparée dans laquelle j'enregistre mes albums. J’aime pouvoir jouer en direct avec tous mes claviers, mais aussi travailler sur mon ordinateur et savoir que tout est envoyé au bon endroit. Avec le L20, je peux aller dans mon studio, décider du travail que je veux faire, appuyer sur un bouton et j'y suis. C’est idéal lorsque la technologie vous aide et fonctionne bien. La vie est géniale.

Aujourd’hui, une grande partie de mon travail se fait à l’aide d’un ordinateur et de logiciels, mais cela dit, j’utilise et j’apprécie toujours les différents claviers. Je ne peux pas le nier, j'aime être entouré de claviers. Je me réveille tous les matins et je me dis : « Waouh, je vais encore pouvoir jouer avec mes synthés aujourd’hui, belle journée en perspective ! »

Pouvez-vous nous en dire plus sur des projets récents ou à venir qui vous enthousiasment ?


Le 26 mars sort un album très sympa et très attendu de Liquid Tension Experiment. C’est probablement l’album le plus attendu que j’aie jamais fait, car nous n’avons littéralement pas sorti d’album depuis 22 ans.

Par ailleurs, pendant cette période de confinement, j’ai terminé un album de musique contemplative pour piano qui sera très bientôt disponible sur les plateformes numériques. Tout est terminé musicalement, j'attends juste les graphismes. Cet album s'appellera A Chapter In Time. La musique reflète notre période, c’est donc une musique douce et méditative, à base de piano.

En ce moment même, nous enregistrons un nouvel album de Dream Theater et ça se passe très bien. On s'amuse beaucoup. Il ne sortira pas avant l’automne prochain, il faudra donc attendre un certain temps, mais nous sommes vraiment très satisfaits de la musique que nous faisons.



Cover.jpg

a3091077766_16.jpg

Jordan at a piano with a F2

Quel genre de conseil ou d’inspiration donneriez-vous à quelqu’un qui veut faire carrière dans la musique ?

La musique est quelque chose de tellement beau que personne ne devrait se voir refuser le droit de faire autant de musique qu'il le souhaite. C'est vraiment important d'organiser sa vie pour pouvoir faire de la musique. Mais tout le monde doit gagner sa vie. Les jeunes musiciens doivent comprendre que gagner sa vie avec la musique est l’une des choses les plus dures à faire. Cela peut être difficile à croire pour la plupart des gens, il est donc bon de le comprendre avant de se lancer.

Q2n on a piano


Avoir le plaisir de pouvoir faire de la musique ne signifie pas nécessairement que vous devez en faire un métier. Réfléchissez à la manière dont vous pouvez organiser votre vie pour gagner l'argent dont vous avez besoin et avoir le temps de faire de la musique. Il est important de suivre son cœur. J'ai toujours fait ça.

CHECK OUT JORDAN'S PATREON & WEBSITE!

Jordan Rudess

Vidéo